Retour écran Précédent

     
 
Document provenant de : AD22 cote G163
Date : JJ/MM/1712
Concerne : PRÊTRE (LE) Mathieu - Missire
TITRE : Enfant illégitime avec Jeanne Le Moullec etc

 

Conduite scandaleuse


****************************
Archives départementales des Côtes-d'Armor
AD22 / G 163
Officialité de l'évêché de Tréguier

Relevé par Jean-Yves Laigre (CG22/1702)
****************************

En 1712

A Monsieur le Vice-gérant de l'officialité de Tréguier

Vous remontre humblement Noble et Discret Messire Gilles Claude Lenoir prêtre recteur de la paroisse de Louannec, promoteur de la dite officialité de Tréguier

Qu'il est venu a sa connoissance que messire Mathieu LE PRËTRE recteur de la paroisse de Ploebihan de ce diocèse nonobstant les avertissements charitables que Monseigneur l'Êvêque et Comte de Tréguier luy a donnés plusieurs fois dans ses visites, nonobstant même qu'il l'ayt obligé de se retirer dans son séminaire pour y reprendre l'Esprit Ecclésiastique, continue de causer dans sa paroisse et autres lieux circumvoisins un scandale universel par une conduite la plus déréglée et indigne non seulement d'un prêtre, ni d'un chrétien, mais même d'un homme raisonnable.

Qu'il est vray que depuis quelques années il s'est entièrement addoné a l'impureté et qu'il a des commerces scandaleux avec des filles et des femmes de sa paroisse dont quelques unes ont eu des enfants de son fait et notamment une jeune fille nommée Jeanne LE MOULLEC, laquelle a accouché depuis les six mois derniers ou environ.

Qu'il est encore vray que la fureur de sa passion brutale est allée si loin qu'elle luy a fait oublier tout sentiment de respect et de religion, se servant de la sacristie de son église paroissiale pour satisfaire cette malheureuse passion, s'y renfermant avec ces personnes malnottées, la porte et les fenêtres fermées y demeurant des cinq ou six heures y beuvant et y mangeant seul a seul avec elles.

Il y a environ deux ans qu'une jeune fille de sa paroisse l'êtant allée trouver pour affaire, il la fit entrer dans la dite sacristie ou il fit son possible pour la corrompre, luy offrant de l'argeant pour l'engager a consentir a son désir infâme et ce qui est encore plus terrible, il luy fit voir les marques honteuses de son sexe, chose que le plus effronté scélérat n'eut osé faire.

Il a encore fait ses efforts pour corrompre une femme mariée a laquelle il a souvent offert des colations et de la bonne chère espèrant par ce moyen la faire consentir à son dessein criminel, sans parler d'autres qu'il a séduites et chez lesquelles il vat effrontément sous de faux prétextes et y demeure des trois ou quatre heures en l'absence de leurs maris qu'il scait être occupés ailleurs a leur travail ce qui cause un très grand scandale dans sa paroisse.

Comme il a bien prévu qu'une vie si déréglée ne manqueroit pas d'inspirer a ses paroissiens le juste dessein d'en informer Monseigneur l'Evêque pour y apportrer le remède, il a crû qu'un moyen sûr de se procurer l'impunité de ses crimes et de les empêcher d'en parler ni d'en donner ouir au supérieur, êtait de leur inspirer la crainte ou il a très bien réussy tant par luy même que par les personnes qui sont dans leur intérêt si bien que l'année dernière il fit renfermer de son authorité privée dans la prison d'une juridiction qui s'exerce dans son bourg un homme de sa paroisse sa femme et sa fille et les y fit retenir en basse fosse jusques après la visite. Il craignait que ces personnes ne fissent connoitre à Mondit seigneur l'Evêque en sa visite le dérèglement de sa vie, mais sa grandeur en ayant appris quelque chose d'ailleurs le condamna a passer trois mois dans son séminaire espérant par ce moyen luy faire rentrer en luy même et l'engager a se corriger.

Il a en d'autres rencontres donné des preuves de son emportement et de ses violences jusque la qu'une femme de sa paroisse fut une fois obligée de crier à la force pour éviter ses mauvais traitements Si bien donc Monsieur qu'il joint a une conduite la plus infâme les violences et qu'il tient ses paroissiens dans la subjection et dans la crainte pour favoriser sa passion brutale qui est sa passion dominante.

********************
 
     

 Retour écran Précédent