Chronique de Plourivo-Penhoat (1914-1918)

De Les Côtes-d'Armor dans la Grande Guerre

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École mixte de Penc'Hoat - Plourivo

Événements auxquels nous avons assisté dans notre village pendant la guerre.

L'ordre de mobilisation générale fut connu à Penhoat le samedi 1er août à 3 heures environ.
Aussitôt les paysans occupés dans les champs à la moisson cessèrent tout travail et arrivèrent au village.
De nombreux attroupements se formèrent sur les routes, dans les auberges et une animation extraordinaire régna dans Penhoat. Ces réunions se prolongèrent très tard dans la nuit.

Dans la nuit du samedi au dimanche le secrétaire de la mairie de Plourivo vint apposer sur la porte de l'école les affiches de mobilisation générale.

Le dimanche 2 août, même animation dans le village. Quelques permissionnaires, marins et soldats rejoignirent leur dépôt.

Le lundi 2 août à 7 heures du matin eut lieu le départ des premiers mobilisés. Tous partirent pleins d'enthousiasme, avec l'espoir d'un prompt retour.

Les jours suivants, la population attendait anxieusement les nouvelles. Comme les journaux n'arrivaient que très irrégulièrement, un homme se rendait à bicyclette à la mairie de Pontrieux ou à celle de Guingamp pour prendre connaissance du communiqué officiel et le lendemain matin de bonne heure, il en vendait des copies aux habitants du village pour la modique somme de 5 centimes.

Les hommes partis, ceux qui restèrent au village acceptèrent courageusement la lourde tâche qui leur incombait, tous, femmes, enfants, vieillards, se mirent au travail et pendant quatre ans firent de leur mieux pour remplacer les hommes à la ferme et aux champs.

Une jeune fille de vingt ans s'est particulièrement distinguée. Quand la guerre éclata, elle exploitait une des fermes les plus importantes du village avec son vieux père infirme, sa mère et son frère âgé de vingt-sept ans qui fut mobilisé dès le premier jour. Celui-ci était propriétaire d'une batteuse et allait de ferme en ferme avec son moteur à pétrole. Après son départ ce fut sa soeur qui prit audacieusement la responsabilité de la machine et pendant les quatre années de guerre, elle battit le blé du village et des villages environnants. Et c'était vraiment admirable de voir cette robuste et courageuse jeune fille, le visage ruisselant de sueur, les mains et les vêtements noirs de cambouis, veiller auprès de sa machine et avoir l'oeil à tout.

En général les habitants de Penhoat n'ont pas souffert de la guerre. Toutes les familles avaient un membre mobilisé (père, fils ou frère) et touchaient par conséquent l'allocation.

Une famille seule a vraiment souffert. Le père qui n'a pas été mobilisé ne pouvait avec ses 2 francs par jour (salaire des ouvriers dans le village) nourrir convenablement sa famille. Les deux enfants qui restent sont pâles, tristes, souffreteux. Ils viennent rarement à l'école. Deux autres plus jeunes sont morts depuis la guerre et l'on peut dire sans exagération qu'ils sont morts de misère.

Toutes les familles n'ont pas su faire bon usage de leur allocation. Il y en a (le petit nombre il est vrai) qui ont vécu au jour le jour et dans l'oisiveté. Elles se trouveront dépourvues de tout le jour où elles cesseront de toucher l'allocation.

En 1918, deux familles de réfugiés du Nord furent reçues dans le village. Des personnes charitables mirent à leur disposition une maison, des lits et les ustensiles de cuisine indispensables.

En 1918 également, des écoliers parisiens fuyant les Gothas vinrent en grand nombre dans la région de Paimpol. Une trentaine de ces enfants furent accueillis dans Penhoat; tous ont gardé un excellent souvenir de leur séjour dans notre village et ne demandent qu'à y retourner.

A Penc'hoat, la sécurité est assurée par les gendarmes de Paimpol . En juin 1918, ils vinrent au village enquêter au sujet d'une bataille qui avait eu lieu entre des petits jeunes gens en état d'ébriété. Une mesure de rigueur fut prise immédiatement afin d'éviter le renouvellement de semblables incidents. On défendit aux débitants du village de servir à boire aux jeunes gens de moins de 18 ans.

A part cet incident, les gendarmes ne durent jamais intervenir auprès de la population qui fut très calme pendant la guerre.

Enfants du village qui furent blessés ou sont morts au champ d'honneur.

  • 1 - GUYOMARD Joseph : blessé le 16 septembre 1914 à Tille-sur-Tourbe (?).
  • 2 - RICHARD Pierre : blessé à Langemarck le 5 novembre 1914.
  • 3 - POULEN Armand : tué le 21 décembre 1914.
  • 4 - LE CAOUSSIN François Joseph : fusilier-marin, tué le 23 décembre 1914 en Belgique, Croix de guerre.
  • 5 - HENRY Yves Marie : blessé à Souain le 25 mars 1915.
  • 6 - BROCHEN François : mort de la fièvre thyphoïde à Zuydcoote (Nord), en mars 1915.
  • 7 - FRIEC Eugène : maître de manoeuvre, tué le 4 mai 1915 à Nieuport (Belgique), Croix de guerre.
  • 8 - FLOURY Alexandre : sergent au 48e régiment d'infanterie, Citation à l'ordre de la Brigade.

Le colonel commandant la 37ème brigade d'infanterie cite à l'ordre de la Brigade : FLOURY Alexandre, sergent au 48ème RI, bon gradé, brave et courageux à été grièvement blessé le 9 mai 1915 en se portant à l'assaut des retranchements ennemis. Croix de guerre : 27 septembre 1916.

  • 9 - MESCAM Yves Marie : blessé le 10 mai 1915 à Chanteclerc (Pas-de-Calais).
  • 10 - BROCHEN Yves Marie, blessé en Argonne le 11 mai 1916.
  • 11 - LARRIVEN Jean : fusilier-marin, blessé en mai 1915 en Belgique.
  • 12 - PEURIAN Joseph : tué le 25 septembre 1915 en Champagne, au Bois Sabot.
  • 13 - RICHARD Joseph : blessé 3 fois au 9e régiment d'infanterie et 2 fois au 88e régiment d'infanterie, Croix de guerre et 2 Citations.
  • 14 - CAOUSSIN Louis : blessé et fait prisonnier le 1er juin 1918 dans l'Aisne.
  • 15 - CAOUSSIN François : blessé à Dormans le 3 juin 1918, Croix de guerre.
  • 16 - RIOU Gabriel : blessé au Mont Kemmel, fait prisonnier le 2 septembre 1918, Citation.
  • 17 - LIBOUBAN Aristide : tué le 4 août 1918 à la ferme "Lagrange" - décès constaté le 21 septembre 1918 sur le champ de bataille de Braisnes (Aisne), 2 Citations et Croix de guerre.

1ère citation : 94e régiment d'infanterie, extrait de l'Ordre du régiment - N°247
Le Lieutenant-Colonel commandant le 94e régiment d'infanterie est heureux de citer à l'ordre du Régiment le sergent LIBOUBAN Aristide, matricule 01774 de la 10ème compagnie : "Au cours des combats des 13, 14 et 15 juillet, a fait preuve du plus grand courage et de la plus grande persévérance dans l'attaque des tranchées".
En campagne le 23 juillet 1915
Le Lt-Colonel de Saintenac
2ème citation : Le Général de Division, commandant le 31ème Corps d'Armée, cite à l'Ordre du Corps d'Armée LIBOUBAN Aristide François Marie, sous-lieutenant à la 7ème compagnie du 48e régiment d'infanterie : "Le 23 juillet 1918, a pris le commandement de sa compagnie en pleine bataille, l'a brillamment conduite à l'attaque et par son ascendant personnel, par son éclatante bravoure et par ses habiles dispositions a repoussé deux violentes contre-attaques et assuré la possession du terrain conquis.".

Penc'hoat Plourivo le 19 juillet 1919
Les institutrices
Mme Libouban
Mlle Cosquer

Sources


--Jylaigre (discussion) 18 janvier 2014 à 18:38 (CET)

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