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− | == Portrait et vie d'une gueule cassée==
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− | [[Fichier:fich08.jpg|200px|thumb|left|Louis Tiengou et son épouse]]'''En construction -attente de l'accès au feuillet matriculaire'''
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− | Je m'appelle Louis TIENGOU, j'ai maintenant 80 ans, et, j'accepte volontiers de vous parler de mon père Célestin TIENGOU. <br/>
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− | J'ai encore un souvenir très précis et suis bien sûr le témoin direct avec mon frère Francis de la vie d’une « gueule cassée » après son retour de guerre...<br/>
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− | Ils n'ont pas été reconnus comme invalides par l'état français car il leur restait leurs mains et leurs jambes pour travailler. <br/>
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− | Ils étaient cependant faiblement pensionnés car leur état de santé et leur suivi médical ne leur permettaient cependant pas d'accomplir n'importe quel travail.{{retour}}
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− | ==Le début de l'histoire==
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− | [[Fichier:fich04.jpg|200px|thumb|right|Célestin TIENGOU]]
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− | Elle débute comme tant d'autre à la campagne des Côtes du Nord.<br/>
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− | Célestin TIENGOU nait à PLUMAUDAN le 6 novembre 1897 de Louis Marie TIENGOU et de Eugénie Elisa LECUYER, agriculteurs, mariés à PLUMAUDAN le 4 juillet 1893.<br/>
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− | Ceux-ci auront 3 enfants : Aristide (1895-1895), Clémentine (1896-1897) et Célestin (1897-1964); les deux premiers décèderont très jeunes.<br/>
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− | {{Ascendants2|'''TIENGOU Louis Marie'''<br />(1795-1933)|'''LECUYER Eugénie Elisa'''<br />(1870-1911)|'''LEFEUVRE Eugène Marie Joseph'''<br />(1875- ????)|'''CHARTIER Anne Marie'''<br />(1875-????)|'''TIENGOU Célestin'''<br />(1897-1964)|'''LE FEUVRE Anne Marie'''<br />(1901-1982)|'''TIENGOU Francis'''<br />né en 1930|'''TIENGOU Louis '''<br /> né en 1933}}
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− | Célestin suit des études primaires à l'école de la commune de Plumaudan et obtient son certificat d'étude en 1908 reçu premier du canton). <br/>Il travaille à la ferme familiale jusqu'à son appel sous les drapeaux en 1916. Recruté au bureau de Saint Malo sous le matricule 296 classe 1917.<br/>
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− | Il est affecté au [[55e régiment de chasseur à pied]] qui participe aux combats à Verdun, le Fort de Vaux, la Côte 304 et enfin le 30 août 1918 à Beaucourt dans la Somme où il est agent de liaison. <br/>
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− | Il a alors 21 ans.
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− | ==Dans la tranchée sur le front==
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− | Une attaque se prépare pour le lendemain matin 5h30. Il faut en informer la tranchée suivante qui se trouve à un kilomètre.<br/>
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− | Un premier agent de liaison est tué en tentant de l'atteindre. <br/>
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− | Un second part et est légèrement blessé, lève les bras, se déséquipe et revient les bras en l'air vers son poste ; les Allemands l'épargnent.<br/>
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− | Un troisième est tué.<br/>
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− | Le chef de poste donne alors l'ordre à Célestin de prendre la suite : "il a compris … il est foutu lui aussi". <br/>
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− | Il n'imagine cependant pas de refuser l'ordre et l'exécute.<br/>
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− | Il réussit en rampant à atteindre l'autre tranchée et apporter le pli pour transmettre les ordres.<br/>
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− | Le chef de poste de cette seconde tranchée lui demande de ne pas repartir car il doit se considérer comme miraculé.<br/>
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− | Mais Célestin veut accomplir sa mission jusqu'au bout : il doit retourner pour confirmer au "vieux" que l'ordre a été transmis.<br/>
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− | Les coudes et genoux de son équipement sont déchirés, il ne peut plus ramper ; il décide de repartir en sautant d’un trou d’obus à l’autre. Lors du troisième saut, un tir l’atteint derrière l’oreille gauche, la balle ressort par l’aile gauche du nez. <br/>
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− | Il est 16h30 ; il tombe la tête la première dans le trou d’obus qu’il cherchait à atteindre.<br/>
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− | Le chef de poste, à la longue vue, l’ayant vu tomber, dit qu’il est mort, aussi, personne ne bouge…<br/>
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− | Il se redresse dans la nuit, perd connaissance à plusieurs reprises.<br/>
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− | Le lendemain, lors de la fameuse attaque, entendant des voix, il réussit à appeler au secours. Ses collègues sont surpris de le retrouver vivant. Avant qu’il ne tombe dans le coma, les brancardiers le prennent en charge.<br/>
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− | Il est emmené à l’hôpital de Beauvais. <br/>
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− | Il est l’un des plus grands mutilés de la face de l’hôpital (les autres ne survivront pas…)<br/>
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− | ==Entre les mains de la médecine==
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− | | [[Fichier:fich01.jpg|150px|thumb|Image N°01]] ||[[Fichier:fich02.jpg|150px|thumb|Image N°02]]|| [[Fichier:fich03.jpg|150px|thumb|Image N°03]]
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− | Deux chirurgiens le prennent en charge ; il sera opéré sept fois !<br/>
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− | :- Chirurgie réparatrice : un greffon, issu de la fesse, est écussonné, sur le front (image N°01) ; trois semaines immobilisé dans le lit, bras en l’air, perfusé, alimenté par sonde.<br/>
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− | :- Un morceau d’os est prélevé dans une côte pour refaire le nez (image N°02).<br/>
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− | :- Façonnage du greffon sur le nez.<br/>
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− | :- Impossibilité de refaire fonctionner la narine.<br/>
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− | :- L’un des deux chirurgiens lui coud l’œil lors de l’une des opérations, sans lui demander son avis. Au réveil, Célestin désapprouve cette initiative ; le second chirurgien le découd ; le premier l’avertit qu’il le regrettera toute sa vie.<br/>
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− | Sa convalescence se fait au Val de Grâce (?) à Paris <br/>
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− | Durant celle ci, il bénéficie, avec d’autres, de visites d’une veuve de général belge qui agrémente leur séjour par des chocolats et autres, et des visites guidées dans Paris.<br/>
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− | Il rentre chez lui en Bretagne fin 1919 – début 1920 (image N°03).<br/>
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− | Sa paupière inférieure est immobile, son œil malade sera toujours sec, il n’a que 1/10ème de vue, il est sourd d'une oreille, il souffre de maux de tête permanents, d'otite chronique ; la mastoïdite est cependant évitée car les otites s’écoulent soit par l’oreille, soit par l’œil<br/>
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− | Il devra suivre des soins ORL réguliers toute sa vie.
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− | ==Retour à la maison==
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− | [[Fichier:fich07.jpg|100px|thumb|left|Image N°07]]<br/>
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− | Il fait la connaissance d'une jeune femme – Anne Marie LEFEUVRE - elle aussi pleurant un fiancé disparu durant la guerre. Ils se marient le 27 octobre 1925 à CAULNES.<br/>
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− | Il ne souhaita pas de photo de mariage !!!!<br/>
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− | Ils seront agriculteurs au village de Coatauvé en Yvignac, dans une ferme de "deux chevaux", puis au Maizeray (Image N°07), en Plélan-le-Petit de 1935 jusqu'à son décès en 1964.<br/>
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− | Ils auront deux garçons Louis et Francis.<br/>
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− | Célestin raconte les évènements de la guerre (la blessure et toutes les autres batailles) à son épouse, puis à nous, ses enfants.<br/>
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− | Au début, Célestin ne veut pas sortir, se montrer, puis, la vie reprend son cours. Il restera cependant contrarié par les jalousies relatives à sa pension de guerre !<br/>
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− | Célestin Tiengou aura une vie "normale" d’agriculteur, avec des maux de tête permanents et un traitement continuel au Gardenal.<br/>
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− | Il est mort à l’âge de 67 ans.<br/>{{retour}}
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− | ==Conclusions==
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− | [[Fichier:fich05.jpg|100px|thumb|left|Image N°05]]
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− | Célestin n’a jamais développé d’animosité envers qui que ce soit.<br/>
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− | Lors de la seconde guerre mondiale, les occupants Allemands voyant ses décorations à la maison (Croix de Guerre 3 citations, Médaille Militaire, [http://www.culture.gouv.fr/LH/LH209/PG/FRDAFAN84_O19800035v1031002.htm Officier de la Légion d'Honneur]) lui ont témoigné du respect <br/>
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− | Son épouse cependant a été plus amère. Elle a fait l’objet, plus que lui, de remarques déplacées, et a ressenti plus douloureusement les commentaires sur l’aspect de son visage. Lui, les entendait moins du fait de sa surdité partielle. Elle veillait scrupuleusement et en permanence à maintenir ses décorations sur le revers de son veston.<br/>
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− | Les enfants se souviennent de la jalousie des gens du voisinage de la réussite familiale, qu'ils attribuaient à la pension (si maigre pourtant) qu'il touchait<br/>
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− | Nous autres, enfants nés de père handicapé, défiguré, n'avons jamais remarqué ce handicap et, plus tard nous avons été fiers de notre père et de sa bravoure.<br/>
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− | Propos et documents recueillis par '''Daniel Coulombel''' auprès de '''Louis Tiengou'''. Compléments administratifs et mise en forme par '''Yves Gérault
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